jeudi 30 décembre 2010

Isabelle d'Angoulême

Isabelle d'Angoulême (née vers 1186 et morte le 31 mai 1246), inhumée en l'abbaye de Fontevraud. Elle est la fille unique du comte d'Angoulême Aymar Taillefer et d'Alice de Courtenay, petite-fille du roi de France Louis VI.


Biographie

Promise à Hugues X de Lusignan, comte de la Marche, le roi d'Angleterre, Jean sans Terre la soustrait à son fiancé et l'épouse le 24 août 1200 à Bordeaux, Angoulême ou Chinon. Cette péripétie a donné lieu à de nombreux récits plus ou moins controversés. Y eut-il accord entre les parties ou rapt ? La version française, populaire et à connotation romanesque, penche pour l'enlèvement. Jean sans Terre qui tenait alors sa cour à Bordeaux se trouvait sans femme après avoir fait annuler son mariage[réf. nécessaire] avec Isabelle de Gloucester. S'étant rendu à Angoulême en tant qu'invité au mariage d'Isabelle et d'Hugues X de Lusignan, il fut si épris de la beauté de la fiancée qu'il la ravit et l'épousa. La chronique de Flandres rapporte que Jean sans Terre fut prié de conduire la fiancée à l'abbaye de Saint-Cybard d'Angoulême et que lorsqu'ils furent devant l'évêque qui devait faire le mariage, il lui dit : « Unissez-moi par les liens du mariage avec cette dame parce que je la désire pour femme. » L'évêque, dit-on, n'osant résister au monarque anglais, les maria. À Angoulême, une petite rue étroite et très en pente, qui descend à la Charente près de l'ancienne abbaye Saint-Cybard, passe pour être le chemin emprunté par les fuyards. C'est donc âgée seulement d'une douzaine d'années que la jeune Isabelle d'Angoulême devient reine d'Angleterre.

C’est à la suite de ce rapt que Jean sans Terre est condamné pour forfaiture et que la commise est prononcée sur ses biens du royaume de France, biens qui reviennent au roi de France, Philippe Auguste. À la mort de Jean sans Terre en 1216, tandis que son fils aîné devient roi d'Angleterre sous le nom d'Henri III, elle rentre en France et épouse son ancien fiancé Hugues X de Lusignan en 1220.

C'est sans doute sous son influence que Henri III d'Angleterre et Hugues de Lusignan organisent un front commun contre le roi de France Louis IX. Cependant ce dernier bat les coalisés à Taillebourg (dans l'actuel département de la Charente-Maritime) les 21 et 22 juillet 1242. À la suite de cette défaite Hugues de Lusignan se soumet au roi de France. Au cours de la rencontre, Isabelle, qui voulait toujours porter le titre de reine, aurait tenté de faire empoisonner sans succès Louis IX.

Elle mourut en 1246 et fut d'abord enterrée dans une chapelle de l'abbaye Notre-Dame de La Couronne, appelée alors Saint-Nicolas avant d'être transférée à Fontevraud.

Descendance

Cinq enfants avec le roi Jean, tous parvenus à l'âge adulte :
1.Henri III d'Angleterre
2.Richard de Cornouailles
3.Jeanne d'Angleterre (1210-1238), épouse du roi Alexandre II d'Écosse
4.Isabella Plantagenet (1214-1241), épouse de Frédéric II du Saint-Empire
5.Aliénor (1215-1275), fille cadette qui épousa William Marshal puis Simon V de Montfort

Neuf enfants avec Hugues X de Lusignan[5], tous parvenus à l'âge adulte.
1.Hugues XI de Lusignan, († 6 avril 1250), comte de la Marche.
2.Agnés de Lusignan, († ap. le 7 avril 1269), épouse de Guillaume II de Chauvigny
3.Alice de Lusignan, († ap. le 9 février 1256), épouse de Jean de Warenne, comte de Surrey.
4.Guy de Lusignan, († ap. le 18 octobre 1281).
5.Geoffroy de Lusignan († av. mars 1274), seigneur de Jarnac et Châteauneuf, puis vicomte de Châtellerault, épousa en 1259 Jeanne, vicomtesse de Châtellerault.
6.Guillaume de Valence, († entre 1294 et 1296), comte de Pembroke
7.Aymar, († 1259), évêque de Winchester.
8.Isabelle de Lusignan, († 14 janvier 1300), épouse de Maurice de Craon, puis de Geoffroy de Rancon
9.Marguerite de Lusignan, († 22 octobre 1288), épouse Raymond VII de Toulouse puis Aimery IX de Thouars, vicomte de Thouars

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mardi 21 décembre 2010

Simon IV de Montfort

Simon IV (ou V) de Montfort (entre 1164 et 1175 – 25 juin 1218, Toulouse), seigneur de Montfort-l'Amaury de 1188 à 1218, comte de Leicester en 1204, vicomte d'Albi, de Béziers et de Carcassonne de 1213 à 1218, comte de Toulouse de 1215 à 1218, est la principale figure de la croisade contre les Albigeois.

Origines

Simon de Montfort est issu de la maison de Montfort-l'Amaury, une famille de rang baronnial d'Île-de-France. Son père, Simon (IV) de Montfort était gruyer royal de la forêt d'Yvelines. Son arrière-grand-père, Amaury III de Montfort était comte d'Évreux et sénéchal de France. Sa mère, Amicie de Beaumont, est issue du baronnage anglo-normand par sa mère. Elle est l'héritière de la moitié du comté de Leicester et d'un droit au titre de sénéchal d'Angleterre.


Un baron français

À la mort de son père, il se retrouve à la tête de la seigneurie de Montfort, mais ne prend pas immédiatement part à la rivalité franco-anglaise pour diverses raisons : d'abord par prudence, ensuite parce que les opérations militaires ne se déroulent pas en Île-de-France mais en Flandre, et enfin pour ne pas perdre ses droits au comté de Leicester. En fait, il n'apparaît dans la vie politique qu'en 1188, au cours de l'entrevue de Gisors entre Philippe Auguste et Henri II d'Angleterre.

Cette entrevue avait été organisée par l'église pour sceller la paix entre les deux royaumes et permettre l'organisation et le départ de la troisième croisade, l'annonce de la prise de Jérusalem par Saladin étant parvenue en Europe l'année précédente. Simon ne se joint pas à cette croisade, au contraire de son frère Guy qui accompagne Philippe Auguste et le nouveau roi d'Angleterre, Richard Cœur de Lion successeur d'Henri II son père.

Il épouse alors Alix de Montmorency, fille de Bouchard IV de Montmorency et sœur de Mathieu II de Montmorency, futur connétable de France. En 1192, Philippe Auguste revient de croisade, tandis que Richard Cœur de Lion reste en Terre Sainte. Philippe Auguste en profite pour faire la conquête de plusieurs fiefs tenus par l'Anglais, opérations auxquelles Simon ne participe pas. Richard Cœur de Lion rentre de Croisade en 1194, la guerre reprend et Simon se joint aux forces de Philippe.

La croisade en Terre Sainte

L'œuvre de Richard Cœur de Lion en Terre sainte était restée incomplète : Jérusalem n'ayant pas été reconquise, le pape Innocent III demanda une nouvelle croisade. Le comte Thibaut III de Champagne, sensible à cet objectif, organise le 28 novembre 1199 un tournoi à Ecry-sur-Aisne, où il invite tout le haut baronnage du royaume. À l'occasion du tournoi, Foulques de Neuilly prêche la reconquête de Jérusalem et les barons enthousiastes se joignent à la quatrième croisade. Les croisés décident de se rendre en Palestine par la mer et Geoffroy de Villehardouin négocie le passage avec les Vénitiens. Malheureusement, lorsque les croisés se regroupent à Venise, le nombre de soldats est loin d'être celui prévu, de nombreux croisés ayant trouvé le montant de la traversée trop onéreux et ayant opté pour un autre chemin. Comme c'était une somme globale et non une somme individuelle qui avait été convenue, les combattants réunis à Venise étaient loin de posséder la somme demandée.

Enrico Dandolo, le doge de Venise, propose alors aux croisés qu'ils prennent la ville hongroise de Zara en échange de la somme manquante. Les chefs acceptent le marché, mais nombreux sont les croisés qui le désapprouvent, parmi lesquels Simon. Celui-ci et ses alliés refusent d'ailleurs d'attaquer la ville et restent dans leur campement pendant l'assaut. Après la prise de la ville, c'est ensuite Alexis Ange qui propose aux croisés de payer leur passage en échange de leur aide pour rétablir Isaac II sur le trône. Simon refuse net cette proposition et dès février 1203 prend contact avec le roi de Hongrie pour obtenir l'autorisation de traverser son royaume en sécurité avec ses compagnons. Avec tout le contingent d'Île-de-France, il quitte l'armée croisée, traverse la Dalmatie, puis descend le long de la péninsule italienne pour embarquer à Barletta, dans les Pouilles.

Il débarque à Jaffa et rejoint le roi Amaury II de Lusignan. Apprenant le détournement de la quatrième croisade, le roi négocie une trêve avec le sultan Al-Adel. Il dirige cependant avec Simon de Montfort une expédition punitive en Tibériade. Impressionné par leur valeur, Amaury veut les attacher à son service et accepte le mariage de Guy de Montfort, frère de Simon, avec Helvis d'Ibelin. Mais l'annonce de la prise de Constantinople et de la fondation de l'empire latin de Constantinople fait comprendre à Amaury que la croisade ne viendra pas en Terre Sainte, et il signe en 1204 une trêve de six ans avec le sultan.

La tradition veut qu'il ramena d'Orient un morceau de la sainte Croix qu'il offrira au monastère des Hautes-Bruyères.

Son oncle Robert IV de Leicester meurt peu après son retour. Simon en est l'héritier le plus proche et revendique la succession, mais Jean sans Terre, roi d'Angleterre, après s'être fait confisquer ses domaines français de Normandie, d'Anjou, du Maine et du Poitou, confisque à son tour tous les domaines anglais détenus par des barons français. Ce fut le cas du comté de Leicester qui est donné à Ramnulf de Chester.

Le Croisé en Albigeois

Vers 1206, son ami et voisin Guy, abbé des Vaux de Cernay est appelé pour prêcher dans l'Occitanie contre l'hérésie cathare, avec d'autres religieux comme Dominique de Guzmán et Pierre de Castelnau. La mission n'obtient que de maigres succès, Pierre de Castelnau est obligé d'excommunier le comte Raymond VI de Toulouse mais est assassiné le 14 janvier 1208. Le pape Innocent III décide alors d'organiser une expédition contre les Cathares, et accorde aux combattants les mêmes indulgences et faveurs qu'à ceux qui combattaient en Terre Sainte. Arnaud Amaury et Guy des Vaux de Cernay parcourent le royaume de France afin d'inciter les barons à prendre part à la "croisade".

Eudes III, duc de Bourgogne, annonce son engagement, suivi d'Hervé IV de Donzy, comte de Nevers, et de Gaucher III de Châtillon, comte de Saint-Pol. Incité par Guy des Vaux de Cernay, Simon de Montfort s'engage dans la croisade, suivi par plusieurs barons voisins, Guy de Lévis, Bouchard de Marly, Robert de Mauvoisin, ... Pour écarter la menace de ses états, Raymond VI de Toulouse fait amende honorable le 18 juin 1209 et rejoint la croisade.

Les croisés se réunissent à proximité de Lyon et se dirigent vers le sud, sous la direction du légat Arnaud Amaury. Raymond VI étant parmi les croisés, l'objectif n'est plus le Toulousain mais le domaine de Raimond-Roger Trencavel, vicomte de Béziers et de Carcassonne, qui abrite également des cathares.

Les villes de Béziers et de Carcassonne sont prises, Trencavel est déchu de ses vicomtés, et un successeur lui est choisi parmi les barons croisés. Après les refus du duc de Bourgogne, du comte de Nevers et du comte de Saint-Pol, Arnaud Amaury préside une commission formée de deux évêques et de quatre barons, qui fixe son choix sur Simon de Montfort. Ce dernier commence par refuser, mais l'insistance de son ami Guy des Vaux de Cernay et d'Arnaud Amaury finit par le faire revenir sur sa décision. Il accepte, à la condition que tous les barons présents fassent serment de venir l'aider au cas où il serait en péril.

La première difficulté du nouveau vicomte se manifeste avec la fin de la quarantaine, qui survient peu après la reddition de Carcassonne et seul le duc de Bourgogne accepte, par amitié, de rester quelque temps. Ils prennent Fanjeaux, puis Simon reçoit l'hommage des habitants de Castres. Il tente ensuite de prendre les châteaux de Lastours, mais doit abandonner le siège après le départ du duc de Bourgogne. Il ne peut alors compter que sur une trentaine de chevaliers et d'une troupe de cinq cents soldats. Il prend Mirepoix, qu'il donne à son beau-frère Guy de Lévis, détruit la maison de Parfaits implantée à Pamiers (où il rédigera des statuts en 1212) par la sœur du comte de Foix, Esclarmonde et prend Saverdun et Preixan et reçoit l'hommage des habitants d'Albi ainsi que de plusieurs seigneurs locaux.

Il rencontre le roi Pierre II d'Aragon à Narbonne, mais ce dernier n'est pas décidé à le reconnaître comme vassal. C'est à ce moment, le 10 novembre 1209, que meurt dans sa prison Raimond-Roger Trencavel. Les ennemis de Montfort font courir le bruit qu'il a été assassiné. Le pays se révolte alors, son cousin Bouchard de Marly tombe dans une embuscade tendue par le seigneur Pierre Roger de Cabaret, et plusieurs de ses châteaux sont assiégés, pris par les Occitans et leur garnison massacrée. Simon de Montfort ne peut compter que sur quelques villes et doit se préparer à faire une conquête complète du pays. Sa femme Alix de Montmorency le rejoint alors, amenant avec elle des renforts. Il commence à prendre quelques châteaux révoltés, et fait preuve d'une cruauté équivalente à celle des seigneurs occitans qui avaient massacré ses garnisons.

Après les prises de Minerve, Termes, Lastours et Lavaur, il contrôle suffisamment le pays pour envisager de s'attaquer au comte de Toulouse, qui vient de se faire excommunier à nouveau. Simon occupe Castelnaudary et y bat Raymond VI de Toulouse. Il occupe ensuite l'Albigeois, l'Agenais, puis occupe Muret, achevant d'encercler Toulouse. Inquiet de ses progrès, le roi Pierre II d'Aragon, qui vient de remporter la bataille de Las Navas de Tolosa contre les Maures, prend les comtes de Toulouse, de Foix et de Comminges sous sa protection. Au mois d'août 1213, Pierre II franchit les Pyrénées et rejoint les trois comtes à Muret. Simon de Montfort attaque l'alliance et la défait le 12 septembre au cours de la bataille de Muret où est tué le roi Pierre II d'Aragon.

En décembre 1215, à l'issue du concile de Latran, le pape Innocent III lui attribue définitivement le comté de Toulouse, le duché de Narbonne et les vicomtés de Carcassonne et de Béziers. Il en rend aveu du comté au roi de France le 10 avril 1216 à Melun. Il ne tarde pas à entrer en conflit avec l'archevêque de Narbonne, Arnaud Amaury sur la possession du duché de Narbonne.

Alors qu'il prête hommage pour le Toulousain, Beaucaire a ouvert ses portes à Raymond VII de Toulouse, le précédent comte de Toulouse dépossédé de ses terres. Simon de Montfort ne parvient pas à prendre la ville et il doit abandonner le siège pour réprimer la révolte de Toulouse. Le 13 septembre 1217, Toulouse ouvre à son tour ses portes à Raymond qui ne tarde pas à être renforcé par le comte de Foix, des Catalans et des Aragonais. Simon met le siège devant la ville le 8 octobre. Enfin le 25 juin, au cours d'une sortie des assiégés, il meurt tué par une pierre lancée par une pierrière manœuvrée par des femmes. Son corps, préparé selon les usages de l'époque, sera transporté et déposé en la cathédrale Saint-Nazaire de Carcassonne. Il y demeurera jusqu'en 1224 pour être finalement rapatrié par Amaury VI en Île-de-France et définitivement inhumé dans le prieuré royal de Haute-Bruyère de l'Ordre de Fontevrault près de Montfort-l'Amaury.

Son fils Amaury, qui deviendra connétable de France à la suite de son oncle, se verra confirmer en théorie dans les possessions continentales de son père. Le puîné, Guy de Montfort, fut comte de Bigorre par mariage, mais ne lui survécut que deux ans. Le cadet, Simon V part pour l'Angleterre où il jouera un rôle important sous le règne d'Henri III d'Angleterre.

Cependant, le comté de Toulouse sera dans les faits conservé par Raymond VII de Toulouse, puis tombera par traité dans le domaine royal à la mort de sa fille, mariée au frère du roi, et ne laissant pas d'héritier.

Un bilan contrasté

Porté aux nues en son temps comme défenseur de l’Église et comme combattant de l’hérésie, Simon de Montfort est considéré au XXe siècle comme le bourreau de la conquête de l’Occitanie. La vérité se situe sans doute entre ces deux points de vue. Il n'en demeure pas moins que le bilan de la conquête est lourd en vies humaines et en massacres (massacre de Bram par Simon de Montfort, dame Guiraude de Lavaur jetée au fonds d'un puits et lapidée).

Simon de Montfort a été homme droit et rigoureux qui s'engageait complètement dans ses entreprises, quelle que soit la finalité de celle-ci. Lors de sa participation à la quatrième croisade, le doge de Venise demande aux croisés de prendre la ville chrétienne de Zara pour payer leur transport en Terre Sainte. Simon estime ce siège indigne des croisés et refuse de prendre part aux assauts. Quand la quatrième croisade décide d’attaquer Constantinople, Simon refuse ce détournement et quitte avec ses troupes l’expédition pour se rendre en Terre Sainte par ses propres moyens. En Occitanie, il se considère comme le bras armé de l’Église, mais il n'en demeure pas moins vrai qu’il favorise également ses ambitions personnelles, utilisant la croisade contre les Albigeois pour tenter de s'approprier des territoires important du sud du royaume et pour en devenir un important seigneur.

C’est aussi un bon soldat et un bon stratège, qui a plusieurs fois remporté la victoire en Albigeois, dans des circonstances qui lui étaient initialement défavorables. Mais ses succès s’expliquent également par l’inaction latente de son principal ennemi, le comte Raymond VI de Toulouse. Le principal défaut apparent de Simon de Montfort est son manque de diplomatie et l'intransigeance de sa politique. Il ne connaît pas le compromis : par exemple, à la suite du siège de Beaucaire, la ville de Toulouse se révolte et fait prisonnier un détachement de croisés. Sans l’aide d’une armée, Toulouse doit se soumettre, et Simon refuse de faire preuve de magnanimité, ce qui lui aurait peut-être permis de faire accepter aux Toulousains leur soumission. Au contraire, il impose des conditions humiliantes à la ville, qui transforme son animosité contre lui en haine. Dès lors, la révolte de la ville est inéluctable et aboutit au siège où Simon sera tué. Pendant le concile de Latran, ses ennemis Pierre II d'Aragon et Raymond VI de Toulouse font preuve d'activités diplomatiques afin de diminuer les sanctions envers les comtes de Toulouse, de Foix et de Comminges. Ces actions, que Simon ne jugea pas utile de contrer, aboutissent à la restitution de la ville de Foix à son comte et l'attribution du marquisat de Provence au fils de Raymond VI.

Concernant les cruautés de Simon, si elles paraissent barbares à l’homme des XXe et XXIe, elles sont monnaies courantes au XIIIe siècle :
    * Simon a allumé de nombreux bûchers de cathares, mais il n’agit que comme le bras séculier de l’église qui a condamné ces hérétiques.
    * Après la prise de Bram, il fait aveugler tous les défenseurs de la ville, sauf un qui est seulement éborgné, afin qu’il guide ses malheureux compagnons. C'est un châtiment cruel, envers des soldats qui lui avaient rendu l’hommage puis renié, et répondant à celui de Giraud de Pépieux qui avait fait subir peu avant le même châtiment à une partie de la garnison du château de Puysserguier, l’autre ayant été massacré.
    * Il y a une différence concernant la parole donnée entre les hommes du nord et ceux de l’Occitanie. En Occitanie, les paroles et serments sont donnés selon les circonstances et il est admis que l’on puisse revenir sur la parole donnée si les nécessités politiques changent. C’est une caractéristique de la civilisation occitane, qui est admise par toutes ses composantes. Simon, et les principaux membres de la féodalité du nord, considèrent que la parole donnée et le serment engagent irrévocablement celui qui la donne. Cette différence va rapidement aboutir à une incompréhension mutuelle. Simon va juger les barons occitans comme des hommes de peu de foi, et les faire exécuter en cas de reniement et de révolte. C’est particulièrement flagrant après la prise de Lavaur : Guiraude de Laurac est exécutée comme hérétique. Amaury de Montréal et ses soldats, ayant par le passé rendu l’hommage à Montfort, sont égorgés, mais les soldats envoyés par le comte de Toulouse, ayant obéi aux ordres de leur suzerain et n’ayant aucune obligation envers Montfort, sont traités comme prisonniers de guerre.

Mariage et enfants

Simon de Montfort épousa vers 1190 Alix de Montmorency († 25 février 1221), fille de Bouchard IV, seigneur de Montmorency et de Laurette de Hainaut. Ils eurent :
    * Amaury VI († 1241), comte de Montfort
    * Guy († 1220), comte de Bigorre, par son mariage avec la comtesse Pétronille
    * Simon V († 1265), comte de Leicester
    * Robert
    * Pernelle, nonne
    * Amicie († 1253), mariée à Gautier de Joigny, seigneur de Châteaurenard
    * Laure, mariée à Gérard II de Picquigny, vidame d'Amiens

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lundi 20 décembre 2010

Blanche de Castille

Blanche de Castille, (née le 4 mars 1188 à Palencia, Castille - morte le 27 novembre 1252 à Melun), reine de France, est la fille d'Alphonse VIII de Castille et d'Aliénor d'Angleterre, elle-même fille d'Aliénor d'Aquitaine et d'Henri II Plantagenêt : elle est donc la nièce du roi Jean sans Terre. Comme prévu dans le traité du Goulet signé entre les rois de France et d'Angleterre cette même année, elle est mariée à Port-Mort en 1200 au futur Louis VIII, fils de Philippe-Auguste.

Biographie

Elle donne au roi douze enfants dont des jumeaux. Cinq de ces enfants seulement atteignent l'âge adulte, quatre meurent durant l'adolescence et les autres en bas âge.

Régente de France à la suite de la mort de Louis VIII en 1226, elle doit faire face à de fortes contestations mais triomphe des ligues formées contre elle et le pouvoir royal. En 1229, elle permet notamment le traité de Meaux-Paris qui met fin au conflit albigeois.

Parallèlement, elle relaie l'œuvre réformatrice de Bernard de Clairvaux (†1153) et fonde les abbayes de Royaumont (1228), de Maubuisson (1236) et du Lys (1244).

Elle gouverne également la France alors que son fils saint Louis est parti aux croisades.

Aussi célèbre par sa beauté que par sa sagesse, on raconte qu'elle inspire une vive passion à Thibaut de Champagne, qui la seconde dans sa politique et la chante dans ses vers.

Elle installe en 1251 dans l'Abbaye de Juilly un orphelinat pour les enfants de chevaliers morts en croisade.
Retirée à Melun vers la fin de sa vie, elle y meurt en 1252.

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mercredi 24 novembre 2010

Siège de Beaucaire

Le siège de Beaucaire est une opération militaire de la croisade des Albigeois.

Situation

A l’issue du IVe concile de Latran, le 14 décembre 1215, le comte Raymond VI de Toulouse avait été dépossédé de ses états. La plus grande partie (comtés de Toulouse, d’Agen, de Rouergue, de Quercy et de Lodève) avaient été donnés à Simon IV de Montfort tandis que le marquisat de Provence était destiné à Raymond VII de Toulouse, sous condition de bonne conduite.

Quelques mois se sont écoulés. Simon de Montfort s’est rendu à Paris pour rendre hommage de ses nouvelles terres à Philippe II Auguste, roi de France, et Raymond VI s’est réfugié à Gênes, avec son fils. De Gênes, le père et le fils décident de ne pas attendre pour prendre possession du marquisat de Provence et débarquent à Marseille où ils aident les consuls et la population de la ville en lutte contre l’évêque de Marseille. En remerciement, ils obtiennent une armée qui leur permet d’occuper le marquisat de Provence.

Lorsqu’il avait rendu sa sentence à propos des biens de Raymond VI, le pape n’avait pas évoqué la ville de Beaucaire. Cette ville appartenait aux archevêques d’Arles et en avaient confié la garde aux comtes de Toulouse. En 1215, l’archevêque l’avait reprise et confiée à Simon de Montfort, qui y avait laissé une garnison commandée par Lambert de Limoux. Comme elle n’était pas expressément mentionnée dans la sentence, Simon de Montfort la considérait comme sa possession. Comme la ville était limitrophe du marquisat, Raymond VII la revendiquait comme sienne. La situation de la ville au bord du Rhône en faisait une cité riche et stratégiquement importante.

Le siège

Soutenu par une armée d’Avignonnais et de Tarasconnais, Raymond VII se rend à Beaucaire, où les habitants, enthousiastes, lui ouvrent les portes, à la fin du mois de mai 1216. Lambert de Limoux tente de s’opposer aux troupes du comte de Toulouse, mais la supériorité numérique de ceux-ci et des habitants l’oblige à se replier dans le château où il se retranche, et se trouve rapidement assiégé. Il a cependant le temps d’envoyer des messages à Simon de Montfort, qui se trouve en Île-de-France et à son frère Guy de Montfort, qui se trouve à Toulouse.

Dès qu’il est prévenu, Guy bat le rappel des troupes et marche sur Beaucaire. Il arrive à Nîmes le 3 juin, En chemin, il apprend que Bellegarde, à quelques kilomètres au sud de Beaucaire, a ouvert ses portes aux troupes de Raymond. Le 4 juin, il commence par prendre le village pour éviter que ses ennemis disposent d’une base pouvant les prendre à revers. Pour tenter d’intimider son ennemi, Raymond sort ses troupes et les deux armées s’observent, sans livrer le combat. Le lendemain, c’est Simon de Montfort qui arrive sur les lieux.

Raymond de Toulouse ne dispose pas de suffisamment d’effectif pour engager la bataille en rase campagne, aussi se retranche-t-il dans la ville, dont il avait organisé la défense et le ravitaillement avant l’arrivée de Montfort. Simon de Montfort le sait et se prépare à un siège qui promet d’être long. Le château est isolé, et les vivres et l’eau risquent de manquer. La ville, elle, est arrosée par le Rhône et continue d’être ravitaillée. Montfort pour ravitailler son armée, doit faire escorter les convois, car la région n’est pas sûre et les provençaux les attaquent périodiquement. Cela diminue d’autant les effectifs pour le siège.

Montfort tente de prendre d’assaut la ville à trois reprises mais est repoussé à chaque fois. Alors que les troupes de Raymond sont pleins d’entrain et de courage, la lassitude et le découragement gagne l’armée de Simon de Montfort. De plus, pendant le mois d’août, Lambert de Limoux fait savoir à Simon de Montfort que les vivres et l’eau commencent à manquer, et qu’il va devoir capituler. Des messagers venant du Languedoc apprennent que le Toulousain s’agite. Aussi les barons de Montfort lui conseillent de mettre fin au siège, afin de régler la situation du comté de Toulouse. Simon de Montfort s’y résigne et négocie avec le comte de Toulouse la levée du siège en échange de la vie sauve pour la garnison de Lambert de Limoux.

Conséquence

Ce siège est un grave échec pour Simon de Montfort et met à mal sa réputation d’invincibilité. De plus la lassitude et le découragement de ses troupes commencent à se faire sentir. Ce ne sont plus les intrépides de la bataille de Muret ou de Castelnaudary, mais des hommes usés par sept ans de guerres continuelles et d’opération sans cesse à recommencer.

A partir de ce moment, Simon de Montfort va accumuler les erreurs. Il va exiger des garanties et des sommes importantes de la ville de Toulouse, transformant une animosité en haine. A la fin de l’année 1217, la ville se révolte, et Simon de Montfort trouve la mort au cours du siège.

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lundi 22 novembre 2010

Roger-Bernard II de Foix

Roger Bernard II, dit le Grand (1195 - † 26 mai 1241) est un comte de Foix de 1223 à 1241. Il était fils de Raymond-Roger, comte de Foix, et de Philippe.

Biographie

Il se fit connaître en 1217 lorsqu’il défendit pendant six semaines le château de Montgrenier contre les assauts de Simon IV de Montfort. L’année suivante, il se distingue pendant le siège de Toulouse, où meurt Simon de Montfort. En 1220, il aide son père à reprendre Lavaur et Puylaurens et joue un rôle important auprès de son père pour la reconquête de ses domaines perdus. Mirepoix ne sera cependant repris que plus tard.

A l’époque de son avènement, il aide le nouveau comte de Toulouse Raymond VII à assiéger Carcassonne. Le 14 septembre 1224, les croisés cèdent devant les Albigeois et la guerre prend fin, chaque seigneur occitan faisant la paix avec l’église. En 1226, le nouveau roi de France Louis VIII le Lion reprend les hostilités pour faire valoir les droits de la Couronne sur le Languedoc. Roger-Bernard tente de maintenir la paix, mais le roi rejette son ambassade, et les comtes de Toulouse et de Foix reprennent les armes. Roger Bernard et un petit contingent de ses vassaux constituent une poche de résistance à Limoux de juin 1226 à juin 1227, mais cette guerre ne fut qu’une série d’escarmouches ponctuelles. En 1229, Raymond VII signe le traité de Meaux avec Louis IX, le successeur de Louis le Lion. Excommunié depuis mars ou avril 1227, et son seul allié ayant signé la paix, Roger Bernard n’a d’autre choix que de négocier la paix. Le traité lui garantit ses possessions, mais il doit renoncer à Mirepoix.

Mariage et enfants

En 1203, il épouse une Cathare, Ermesinde, vicomtesse de Castelbon et dame d’Andorre, et il s’attacha à s’étendre vers le sud, lorsque ses relations avec les souverains français le lui permettaient. Il fortifie les villes sur la route d’Andorre et d’Urgel. Il entre en conflit en 1223 avec l’évêque d’Urgel sur la vallée de Caboet. Il s’opposa à la venue de l’Inquisition dans ses états et s’opposa à l’évêque en avril 1239. Il ne participa pas à la révolte de Raimond II Trencavel en 1240.

Il meurt en 1241, laissant deux enfants d'Ermesinde de Castelbon, sa première épouse :
- Roger IV († 1265), comte de Foix
- Esclarmonde, mariée en 1256 à Raymond Floch de Cardona.
Ermesinde de Castelbon meurt en 1229 et Roger Bernard se remarie avec Ermengarde, fille d’Aymeri III, vicomte de Narbonne et en a :
- Cécile († 1271), mariée à Alvaro de Cabrera, comte d’Urgel.

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jeudi 18 novembre 2010

Pieusse

Le château de Pieusse est un château cathare situé sur la commune de Pieusse près de Limoux dans le département de l'Aude  en France. Ce château est actuellement du domaine privé et ne peut être visité. C'est un "vrai" château cathare dans le sens où il n'a pas été remanié par la couronne royale lors de l'annexion du Roussillon  à la France. Il est caractérisé par un donjon d'époque massif dont l'utilisation était essentiellement défensive. Il est vendu comme bien national en 1791.

Histoire

Le château de Pieusse a été construit aux environs de 1140 à 1145, sous le règne du roi Louis VII le jeune par les Comtes de Foix. En 1225, il abrite le concile Cathares, rassemblant une centaines de parfaits présidé par Guilhabert de Castres, évêque de Toulouse. Lors d'une réunion au château, ils décident de créer l'évêché du Razes. Benoît de Termes y est ordonné évêque de ce nouveau diocèse. En 1229, Bernard Roger, fils du Comte de Foix, cède son fief au roi Louis IX qui le réunit à l’évêché de Narbonne. De 1764 à 1790, le château dépend de Monseigneur Dillon, dernier président des États généraux du Languedoc et Archevêque de Narbonne.

État actuel

Seuls quelques bâtiments sont visibles depuis Pieusse. Plusieurs parties ont été réaménagées en lieux d'habitation. La muraille du Nord est encore visible ainsi qu'un donjon massif et allongé. Au premier étage de ce donjon, on retrouve deux élégantes fenêtres en cintres géminés avec des chapiteaux sculptés, à l’intérieur des sièges en pierre très conservés, taillés, permettaient aux dames de voir arriver leur seigneur de loin, car cette fenêtre dominait toute la vallée de l’Aude et le « Razès ». Une autre fenêtre géminée, mais plus simple, se trouve au deuxième étage. Le donjon, placé à l’avant est debout jusqu’au premier étage. On y voit même une belle voûte cintrée.

La cour possède un puits permettant d'alimenter le village lors d'un siège. C'est dans ce puits que fut fait des recherches pour retrouver un possible trésor laissé par Monseigneur Dillon durant la Révolution.

Les décors de peintures sont classées.

mercredi 17 novembre 2010

Pierre Roger de Cabaret

Pierre Roger de Cabaret, en occitan Pèire Rogièr de Cabaret, était un chevalier occitan, co-seigneur de Lastours, puis chevalier faydit du XIIIe siècle.

Biographie

Il partage avec son frère Jourdain de Cabaret la possession des quatre châteaux de Lastours (Cabaret, Tour Régine, Querthineux et Surdespine) et hébergea une communauté cathare qui s’y était réfugié. Au début de la croisade des Albigeois, il seconde Raimond-Roger Trencavel lors du siège de Carcassonne, mais les conditions de reddition de la ville lui permettent de conserver sa liberté et de rentrer à Lastours. Après l’annonce de la mort de Raimond-Roger Trencavel (10 novembre 1209), qui était resté prisonnier à Carcassonne, puis du refus de Pierre II d'Aragon de reconnaître, Simon de Montfort, le nouveau chef de la croisade, comme son vassal pour les vicomtés Trencavel, la vicomté de Carcassonne s’agite et Pierre Roger réussit à faire prisonnier Bouchard de Marly au cours d’une embuscade. Un autre chevalier occitan, Giraud de Pépieux, s'empare du château de Puysserguier, massacre une partie de la garnison de Simon et aveugle l’autre partie.

Il le garde prisonnier dans Cabaret, et Simon de Montfort à défaut d'assiéger le château en mars 1210, ce qu'il ne peut faire par manque de troupes, en ravage les environs. Montfort se tourne vers d’autres places fortes, prend Fanjeaux, puis Bram. Dans cette dernière ville, Simon de Montfort fait preuve d’une cruauté identique à celle de Giraud de Pépieux, car il aveugle la centaine de prisonniers à l'exception d'un qu’il éborgne et envoie cette troupe martyrisée à Cabaret pour montrer sa détermination.

Les seigneurs de Cabaret et de Termes s’étaient mutuellement soutenus lors de différentes actions militaires. Raymond de Termes avait plusieurs fois contré l’armée croisée quand elle opérait autour Cabaret en 1210. Au mois d’août 1211, Simon de Montfort met le siège devant Termes. Pierre Roger de Cabaret tente d’attaquer le camp des croisés, mais il est trop bien défendu, puis les convois de ravitaillement, mais les assiégeants tiennent bon, contre vents et marées, et le château est pris le 22 novembre 1211.

Après Termes, Simon de Montfort envisage d’attaquer Cabaret. En effet, la prise du château lui assure le contrôle des vicomtés de Carcassonne et de Béziers. Pierre Roger comprend qu’il ne peut plus résister seul, libère Bouchard de Marly et l’envoie en ambassade auprès de Simon. Il accepte de céder ses châteaux en échange de domaines près de Béziers. Contrairement à de nombreux autres seigneurs occitans, il se montre ensuite fidèle à la parole donnée à Simon.

Après la mort de Simon de Montfort à Toulouse en juillet 1218 et les échecs d’Amaury de Montfort, il reprend les châteaux de Lastours en 1223. Il accueille l’évêque cathare de Carcassonne qui fuit les persécutions des Dominicains. Pierre Roger défendit plusieurs fois ses châteaux contre les attaques du sénéchal Humbert V de Beaujeu, mais doit capituler en 1229. On ignore ce qu’il est ensuite devenu.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Pierre Roger de Cabaret de Wikipédia en français (auteurs)

jeudi 11 novembre 2010

Pierre II d'Aragon

Pierre II d'Aragon, dit le Catholique, né v. 1174-1177, mort le 12 septembre 1213 à la bataille de Muret, fut roi d'Aragon, comte de Barcelone (sous le nom de Pierre Ier) et marquis de Provence de 1196 à 1213.
 
Biographie

Il était fils d'Alphonse II Raimond le Chaste (1152-1196), roi d'Aragon et comte de Barcelone, et de Sanchia de Castille

En 1204, il épousa Marie de Montpellier (v. 1181-1213), veuve de Bernard IV de Comminges et fille de Guillaume VIII, seigneur de Montpellier, et d'Eudoxie Comnène (1162-apr. 1202). Les deux époux se séparèrent rapidement et les Montpellierains durent recourir à un subterfuge pour aboutir à la conception de l'infant Jacques, futur Jacques le Conquérant. Ce dernier resta le seul enfant du couple.

Il se reconnut comme vassal de la papauté et fut couronné par le pape Innocent III à Rome en 1204, jurant de défendre la foi catholique, ce qui est à l'origine de son surnom. Il était le premier roi d'Aragon à avoir été couronné des mains du souverain pontife. Cette reconnaissance de la suzeraineté pontificale ne semble pas avoir été appréciée par tous en Aragon.

Il participa à la bataille de Las Navas de Tolosa en 1212, au cours de laquelle les Maures subirent une défaite sévère et ne règneront plus que sur Grenade jusqu'en 1492.

L'année suivante, il rejoint les chevaliers cathares visés par la croisade des Albigeois en se portant au secours du père de son beau-frère Raymond VII (1197-1249), époux depuis 1211 de sa sœur Sanchia d'Aragon (v. 1186-apr. 1241), le comte de Toulouse Raymond VI (1156-1222), mais trouve la mort lors de la bataille de Muret le 12 septembre 1213 par l'épée d'un chevalier artésien Alain de Roucy, face à l'armée de Simon IV de Montfort.

Pierre II d'Aragon contribua à la diffusion en Espagne de la poésie provençale.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Pierre II d'Aragon de Wikipédia en français (auteurs)

lundi 8 novembre 2010

Saissac

Château de Saissac (Aude-11)
Coordonnées GPS :
latitude 43° 21' 25" N - longitude 2° 10' 04" E

11310 SAISSAC

04-68-24-46-01

http://www.saissac.fr/

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Le château de Saissac est un château cathare située sur la commune de Saissac dans le département de l'Aude au Nord-Ouest de Carcassonne. Il fut la résidence d'une puissante famille vassale des Trencavel.

Il fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 17 février 1926.


Géographie

Situation
Le château se situe à l'extrême Nord du département de l'Aude sur la commune de Saissac. Le château domine sur son promontoire rocheux le ravin de la Vernassonne, ce qui lui procure une position stratégique importante à l'entrée de la Montagne noire. Il est situé à l'extrémité méridionale du village de Saissac.

Histoire

Époque médiévale

Le château apparait dans les textes en l'an 960. Il est légué par l'évêque de Toulouse au Comte de Carcassonne. Au XIe siècle, le château est inféodé à des puissants vassaux du pays. Il s'agit d'une branche cadette des comtes de Foix qui devait former dès lors le lignage des Saissac. Il faut noter tout de même la présence d'un castrum sous l'actuel château datant probablement du XIe siècle, mais son origine peut remonter à une période wisigothique.

Le seigneur de Saissac, Bertrand de Saissac avait embrassé la foi cathare et était le tuteur de Raymond-Roger Trencavel. Lors de la croisade contre les Albigeois en 1229, les Saissac subissent le sort de leur pupille et sont dépouillés. Bouchard de Marly commandant des croisés saisit le château et ses biens, puis après 1234, Lambert de Thurey, un autre compagnon de Montfort, récupère le château.

A la fin du XIIIe siècle, il entre dans le patrimoine de la famille des Lévis, nouveaux seigneurs de Mirepoix, et devient enfin, de 1331 à 1412, possession de la famille de l'Isle-Jourdain. Au XVe siècle, la baronnie est détenue par la famille de Caraman. D'autres propriétaires, (les riches Bernuy, la maison de Clermont-Lodève) changent jusqu'en 1565.

Époque moderne

En 1568 et 1580, les troupes protestantes détruisent le village mais ne peuvent entrer dans le château imprenable. Il fut ensuite détenu à partir de 1715 par les Luynes qui ne résidaient pas dans la forteresse.

Époque contemporaine

Le château est inoccupé et déjà délabré au milieu du XVIIIe siècle. À la Révolution, le château sert de carrière de pierres. Son aspect romantique lui vaut même d'être dégradé en 1862 par des chercheurs de trésors. Il est acheté en 1920 par Henri Dupuy Mazel, cinéaste et écrivain. A sa mort, en 1994, ses héritiers donnent le château à la mairie de Saissac.

Depuis 1995, la municipalité mène un programme de restauration. De 2004 à 2006, deux salles du corps du logis (logis Aldonce construit pendant le XVIe siècle) sont reconstruites dans le style XVIe (avec notamment une charpente en coque de bateau). Dans ces salles se trouve aujourd'hui un petit musée présentant des informations sur la monnaie ancienne, notamment sur le "trésor" trouvé à Saissac (2000 deniers, trouvés en 1973 lors de travaux de construction).

Éléments d'architecture

Le château est construit sur trois terrasses contiguës, sur un promontoire rocheux. Il est en grande partie constitué de schistes, mais comporte également du granite pour certains endroits particuliers (e.g. les corniches).

On accède au château du côté du village. Le pont-levis et le fossé ont disparu, et l'on pénètre directement dans la première terrasse. À l'est se trouve un corps de logis alors qu'à l'Ouest deux échauguettes rondes flanquent le mur. Au centre de la terrasse se dressent les restes d'un donjon polygonal d'environ 20m de hauteur. La rampe d'accès Est débouche sur la seconde terrasse, sur laquelle se trouve également un grand corps de logis (dans lequel le musée a été installé). Sur la troisième terrasse se trouvent entre autres des casemates. Deux tours circulaires encadrent le mur Sud.

Le château a connu plusieurs remaniements au cours des siècles. Le premier est effectué après la croisade, autour de 1300 : le château est reconstruit avec l'aide des ingénieurs royaux. Le donjon, les tours quadrangulaires et les courtines remonteraient à cette époque. Le deuxième remaniement intervient au XVIe siècle : la famille de Bernuy rend le château plus "confortable" (notamment en introduisant de grandes fenêtres à meneaux Renaissance). Mais les guerres de religions introduisent également de nouvelles modifications : l'utilisation d'armes à feu mène à la construction de canonnières. Les tours circulaires, le logis central et les échauguettes dateraient également de cette époque.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Château de Saissac de Wikipédia en français (auteurs)


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Au cœur de la Montagne Noire, au nord-ouest de Carcassonne, le château de Saissac se dresse devant un paysage exceptionnel barré à l’horizon par la chaîne des Pyrénées.

Au Moyen-Âge, de puissants seigneurs dominent Saissac et toute la Montagne Noire. Protecteurs des troubadours, ils sont aussi croyants cathares. Ce sont de grands vassaux des Vicomtes de Carcassonne, qu'ils soutiennent dans leur lutte dans la fameuse Croisade des Albigeois.

Erigées en contrebas du village, les fortifications du château se dressent à l’aplomb d’un vertigineux ravin. Les ruines de son donjon s’élèvent encore fièrement au centre de l’enceinte. Deux salles restaurées hébergent une muséographie sur le Trésor monétaire de Saissac composé de 2 000 deniers du XIIIème siècle.

Source : Aude Pays Cathare

vendredi 5 novembre 2010

Gaucher III de Châtillon

Gaucher III de Châtillon (v.1162-1219), sénéchal de Bourgogne qui accompagna Philippe-Auguste en Terre sainte et se distingua au siège d'Acre et à la bataille de Bouvines.

Il est le fils de Guy II de Chatillon et d'Alix de Dreux, veuve de Waleran III, seigneur de Breteuil, (fille de Robert de France, comte de Dreux et Harvise d'Évreux). Il est aussi comte de Saint-Pol (Paul), seigneur de Crécy, de Châtillon, de Troissy, de Montjay et de Pierrefonds.

Gaucher III se verra attribuer, par apanage royal, la Seigneurie de Clichy, en échange de son château de Pierrefonds tant "convoité" par Philippe Auguste, et deviendra ainsi le premier seigneur féodal de cette ville.

Histoire

Il a été soupçonné de félonie à cause de terres qu'il tenait dans le royaume de Jean et que celui-ci lui avait laissé, il protesta de sa fidélité au roi et dit à frère Guerin "qu'en ce jour le roi trouverait en lui un bon traitre".

Placé à droite, en face des hennuyers de Ferrand, Gaucher III vit une faille dans leurs rangs et Frère Guérin le lança à toute force dans cette passe. Il franchit leurs échelles et se rabattit sur leur dos, les jetant dans la confusion.

Il était Comte de Saint Pol (Paul) de par son mariage avec Dame Elisabeth de Saint Pol (1197), seigneur de Châtillon, seigneur de Clichy, Grand Bouteiller de France et de Champagne et encore Sénéchal de Bourgogne.

C'est Gaucher qui, en 1190, après avoir guerroyé pendant 10 ans en Terre Sainte lors de la Troisième croisade, décide de fonder une Ville Neuve, en un lieu défriché de la Forêt de Crécy, à proximité d'un ancien camp romain où s'élevait un château Mérovingien de bois.

En 1203, avec son épouse Élisabeth, Gaucher III concède une CHARTE DE FRANCHISES aux habitants de cette Ville Neuve, "les bourgeois". Ces "bourgeois" élisent chaque année un Maire et des Échevins.

Alors que Gaucher III se préoccupe de la défense militaire de la ville, Élisabeth s'intéresse au salut des âmes en décidant la construction d'une belle église paroissiale, malgré l'opposition de l'Abbé de Saint Germain des Prés, établie sur un privilège accordé par le pape Luce III.


Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Gaucher III de Châtillon de Wikipédia en français (auteurs)

mercredi 3 novembre 2010

Pétronille de Bigorre

Pétronille de Comminges ou Pétronille de Bigorre (vers 1184 † 1251) est une vicomtesse de Marsan et une comtesse de Bigorre de 1194 à 1251. Elle était fille de Bernard IV, comte de Comminges, et de Béatrix III, comtesse de Bigorre.

Biographie

Elle passe son enfance à Muret, mais en 1192, sa mère est répudiée par son père qui exile la mère et la fille en Bigorre, tout en conservant le comté de Bigorre. Mais Alphonse II, roi d’Aragon, le suzerain du comté, n’accepte pas que Bernard conserve la Bigorre et l’oblige à abdiquer en faveur de sa fille. Alphonse fiance ensuite Pétronille à Gaston VI, vicomte de Béarn, malgré leur parenté. Pétronille, encore jeune, est éduquée à la cour d’Aragon, et épouse Gaston en 1196. Elle s’installe dans le Béarn et son absence que les documents bigourdans de cette époque semble montrer que Gaston devait la tenir à l’écart de la vie politique de son comté. Gaston meurt en 1214, et le roi d’Aragon la remarie à un de ses cousins germains, Nuno Sanchez d’Aragon, comte de Roussillon et de Cerdagne.

Mais, après la mort du roi Pierre II d’Aragon à la bataille de Muret, l’homme fort de la région est Simon IV de Montfort, le chef de la croisade des Albigeois, qui fait annuler le mariage pour donner Pétronille à son fils cadet Guy. Ce dernier participe à plusieurs faits d’armes de la croisade, est blessé par son beau-père au siège de Toulouse, et est tué au siège de Castelnaudary en 1220.

Amaury de Montfort, fils de Simon et frère aîné de Guy, marie alors sa belle-sœur à un chevalier croisé, Aymeri de Rançon, mais ce dernier est tué au siège d’Avignon en 1226.

Avec son cinquième mari, Boson de Mathas, Pétronille revient dans la Bigorre. Son mari l’aide à se maintenir face aux barons languedociens qui lui reprochent d’avoir fait partie du clan des Montfort. Boson, en outre assainit la vallée de Vic, rançonnée par des brigands. Il meurt en 1247, et Pétronille en 1251, laissant la Bigorre à sa fille Alix de Montfort et le pays de Marsan à son autre fille Mathe de Mathas.

Mariages et enfants

Elle épouse en premières noces en 1196 Gaston VI († 1214), vicomte de Béarn, mais le mariage reste sans postérité.

Veuve, elle se remarie en 1215 avec Nuno Sanchez d’Aragon (1185 † 1242), comte de Roussillon et de Cerdagne. Peu après, Simon IV de Montfort fait annuler le mariage.

Celui-ci lui fait épouser en 1216 son fils cadet Guy de Montfort († 1220). De ce mariage naissent :
- Alix de Montfort († 1255), comtesse de Bigorre, mariée à Jourdain Eschivat de Chabanais, puis à Raoul de Courtenay, seigneur de Champigneulles.
- Pétronille de Montfort, mariée à Raoul de la Roche-Tesson.

A nouveau veuve, elle se remarie en quatrième noces en 1221 avec Aymeri de Rançon († 1224), un des compagnons d'armes de son beau-frère Amaury VI de Montfort.

Enfin, elle épouse en 1228 Boson de Matha († 1247), seigneur de Cognac. De ce mariage nait :
- Mathe de Matha († 1273), vicomtesse de Marsan, mariée à Gaston VII, vicomte de Béarn.


Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Pétronille de Bigorre de Wikipédia en français (auteurs)

lundi 1 novembre 2010

Lastours

Château de Lastours (Aude-11)
Coordonnées GPS :
latitude 43° 20' 08" N - longitude 2° 22' 38" E

Accueil usine Rabier

11600 LASTOURS

04-68-77-56-02

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Les châteaux de Lastours (en occitan Las Tors, ce qui signifie en français : « les tours ») sont quatre châteaux dits cathares situés sur la commune de Lastours dans le département de l'Aude en région Languedoc-Roussillon. Ces quatre châteaux font partie d'un seul ensemble, dont l'absence de structure commune a été imposée par la géographie du site. Ils sont nommés, du nord au sud : Cabaret, Surdespine, la Tour Régine et Quertinheux.

L'ensemble des quatre ruines fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 31 octobre 1905.

Géographie

Situation géographique
Les quatre châteaux sont bâtis sur un éperon rocheux culminant à 300 mètres d'altitude au-dessus du village de Lastours, dominant les vallées de l'Orbiel et du Grésilhou. Ils sont placés en haut de la crête sur un axe nord-sud et contrôlent les principales voies d'accès dans le Cabardès (le Cabardès tire son nom de Cabaret) et la Montagne Noire.

Histoire

Préhistoire

Une sépulture d'une fillette datant de l'âge du bronze est découverte en 1961. Elle comporte des objets d'inspiration mycénienne ou égyptienne, témoignant de l'importance des échanges effectués avec les peuples méditerranéens. Au VIe siècle, les Wisigoths envahissent le Languedoc-Roussillon : la montagne noire marque la frontière de leur territoire avec celui des Francs.

Premières mentions

Au Moyen Âge, le site appartient aux seigneurs de Cabaret, mentionnés pour la première fois en 1067. Leurs richesses proviennent notamment de l'exploitation des mines de fer. Seuls trois châteaux sont probablement construits au XIe siècle et leur emplacement diffère de celui des ruines actuelles. Ils ne sont en effet pas sur la crête mais plus bas, sur le versant nord-ouest. Le village de Lastours est alors à leur pied, organisé en terrasses semi-circulaire suivant les courbes de niveau et descendant jusqu'au Grésilhou.

Époque du catharisme

Les châteaux de Lastours sont un pôle d'activité religieuse cathare important durant le XIIIe siècle. Les seigneurs de Cabaret soutiennent en effet ce mouvement religieux. Pierre Roger de Cabaret est ainsi un fidèle de Raymond-Roger Trencavel qui a combattu à côté de lui lors de la défense de Carcassonne. Le village castral abrite donc de nombreuses maisons de parfaits et des évêques cathares séjournent à Cabaret : Arnaud Hot, Pierre Isarn et Guiraud Abith.

Le site subit dès 1209 les attaques de Simon de Montfort et résiste victorieusement. Le croisé Bouchard de Marly alors seigneur du château de Saissac est fait prisonnier par Pierre-Roger. Il est libéré en 1211 pour aller négocier une reddition avantageuse de Cabaret. En 1223, les seigneurs de Cabaret reprennent leurs terres et Cabaret devient le siège de l'évêché cathare du Carcassès. Le seigneur Pierre-Roger résista pendant de nombreuses années aux attaques des croisés. Mais en 1227, les châteaux sont de nouveau assiégés par Humbert de Beaujeu. En 1229, Cabaret capitule.

Les villages et châteaux sont pillés puis reconstruits (sur la crête) pour devenir des forteresses royales. La Tour Régine est construite par ordre du roi pour affirmer sa suprématie. Ils deviennent le centre administratif et militaire de six communautés formant la châtellenie du Cabardès.

Époque moderne

Au XVIe siècle, les châteaux sont occupés par les protestants. Ils en sont délogés par le maréchal de Joyeuse en 1591.

Époque contemporaine

Les châteaux sont abandonnés à la Révolution. Ils sont classés aux monuments historiques en 1905, et des travaux de restaurations sont entrepris. Les fouilles archéologiques sur le site sont toujours actives, notamment au niveau de l'ancien village castral.

Éléments d'architecture

Les quatre châteaux sont bâtis sur un axe Sud-Nord, dans l'ordre : Quertinheux, Surdespine, Tour Régine et Cabaret.

Quertinheux

Le château de Quertinheux (en occitan Quertinhos) est placé le plus au sud de la crête sur un piton rocheux isolé. Il est constitué d'une tour circulaire et d'une courtine polygonale. Une avancée en chicane défend l'entrée du château. Il surplombe les restes d'une église romane détruite.

Surdespine

Le château de Surdespines est le moins conservé des quatre. Il est constitué d'une tour carrée, d'un logis et d'une citerne. Une courtine de plan rectangulaire protège l'ensemble. Il se caractérise par la rareté de ses meurtrières et par ses quatre fenêtres en plein cintre.

Tour Régine

La Tour Régine est la forteresse la plus récente et la plus petite de l'ensemble. Elle est constituée d'une tour entourée d'une courtine dont les murailles sont effondrées. Au sous-sol, la tour contient la citerne la plus vaste des quatre châteaux. La tour est constituée de trois étages desservis par une escalier à vis. La pierre de calcaire blanc utilisée est identique à celle de Cabaret.

Cabaret

Le château de Cabaret est la citadelle principale avec un système de défense de type barbacane. Il est constitué d'une tour au nord, d'un donjon au sud et d'un corps de logis au centre. Le tout est entouré de remparts avec un chemin de ronde posé sur des arcades aveugles en arcs brisés. L'ensemble est construit avec un appareil irrégulier et des pierres de taille pour les angles et les ouvertures.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Châteaux de Lastours de Wikipédia en français (auteurs)

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Le site de Lastours constitue un ensemble exceptionnel au cœur de la Montagne Noire, avec ses quatre châteaux édifiés au sommet d’un éperon rocheux. Cabaret (le plus imposant), Surdespine, Quertinheux et Tour Régine dominent les torrents de l’Orbiel et du Grézilhou, profondément encaissés dans la vallée.
L'accès à la « montagne des châteaux » se fait au coeur du village de Lastours par l'ancienne Usine de draps Rabier. Elle abrite aujourd'hui la billetterie, une exposition permanente, et un restaurant.
Il est également possible de découvrir les châteaux depuis le Belvédère de Montfermier qui offre un panorama incomparable sur le site et ses environs.
Les quatre châteaux de Lastours prennent toute leur importance au moment de la Croisade contre les Albigeois, car ils contrôlent alors l’accès à la Montagne Noire. À l’époque du catharisme, le seigneur de Cabaret apparaît très lié aux adeptes de la nouvelle religion et subit dès 1209 les assauts des croisés.

vendredi 29 octobre 2010

Arnaud Amaury

Arnaud Amaury ou Arnaud Amalric († 1225), abbé de Poblet, de Grand Selve, puis de Cîteaux (1200-1212), archevêque de Narbonne (1212-1225), il est chargé, en tant que légat du Pape, de réprimer l'hérésie cathare durant la Croisade des Albigeois.

Biographie

Le moine cistercien

Une hypothèse, maintenant abandonnée, a voulu en faire un descendant des ducs de Narbonne. La question de son origine géographique n'est pas résolue pour autant : Félix Torres, s’appuyant sur les actes de Poblet, affirme qu’il était catalan. Effectivement, la plus ancienne mention le concernant date de 1192, et le signale comme prieur du monastère de Poblet, fondé au milieu du XIIe siècle par les cisterciens, semble confirmer cette opinion. Mais Henriquez affirme qu’il est entré jeune à Cîteaux, puis envoyé par la suite en Espagne à Poblet, pour y relancer l’observation de la règle.

Il devient ensuite abbé de Poblet, puis de Grandselve (en septembre 1198), et enfin de Citeaux (vers 1200), ce qui fait de lui le chef suprême de l’ordre cistercien.

«Il fut une abbaye de l’ordre de Cîteaux
près de Leira, et appelée Poblet,
et un bien brave homme en fut l’abbé.
Puis Dieu en fit le chef de tout Cîteaux,
Et ce saint homme, avec d’autres, partit
En terre d’hérétiques, et bien les instruisit».
(Guillaume de Tudèle, La chanson de la Croisade)

Le légat pontifical en Albigeois


En 1204, le pape Innocent III l’envoie en Occitanie soutenir l’action du légat Pierre de Castelnau qui prêche contre les Cathares. Pierre de Castelnau tente de convaincre le comte Raymond VI de Toulouse d'apporter son aide, mais, devant les réticences de ce dernier, l'excommunie. Peu après, Pierre de Castelnau est assassiné près de Saint-Gilles. Le pape Innocent III décide alors d'organiser une expédition contre les cathares et les seigneurs qui les protègent et accorde à ses participants les mêmes avantages qu'aux croisés de Terre Sainte. Cette expédition est de ce fait appelé croisade des Albigeois.

Expulsion des habitants de Carcassonne après la prise de la villeL'armée se réunit à proximité de Lyon, mais comme le roi Philippe Auguste décline l'invitation, et que les deux seigneurs les plus puissants, le duc Eudes III de Bourgogne et Hervé IV de Donzy, comte de Nevers sont rivaux, le pape nomme Arnaud Amaury pour diriger l'expédition. Raymond VI de Toulouse, désirant éviter les ravages de la croisade sur ses terres, fait amende honorable et rejoint la croisade. Celle-ci prend alors pour cible un autre territoire où les cathares sont également nombreux, les vicomtés de Raimond-Roger Trencavel.

La croisade arrive à Montpellier, et reçoit Raimond-Roger qui tente de négocier avec la croisade, mais Arnaud Amaury exige une soumission totale du jeune vicomte, que ce dernier refuse. La ville de Béziers est assiégée et prise, et c'est au cours de ce siège que, selon certaines sources, il aurait dit «Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens». (Voir plus loin sur l'authenticité de ces paroles.)

Après Béziers, la croisade assiège Carcassonne. Manquant d'eau, la ville se rend et Raimond-Roger Trencavel emprisonné. Depuis le début de la croisade, quarante jours se sont écoulés, et de nombreux croisés parlent de repartir chez eux. Arnaud Amaury doit trouver et convaincre un seigneur de rester et de prendre en charge les vicomtés de Trencavel pour continuer la lutte contre l'hérésie. Le duc de Bourgogne et le comte de Nevers se désistent, et le choix du légat se porte sur un petit seigneur d'Île de France, Simon IV de Montfort.

Simon de Montfort assiège ensuite la ville de Minerve en 1210. Amaury arrive sur les lieux quand Montfort et Guilhem IV de Minerve négocient la reddition de la ville, et Arnaud Amaury accepte que le seigneur du château, les habitants et les défenseurs de la ville puissent quitter librement la ville, ainsi que les hérétiques, à condition qu'ils abjurent leur foi. Robert Mauvoisin, l’un des lieutenants de Simon de Montfort, proteste à propos de cette clause, déclare que les croisés sont venus pour extirper l’hérésie et affirme que les cathares n’abjureront que par peur de la mort et non par foi, ce à quoi l’abbé répond : « ne craignez rien, car je crois que très peu se convertiront ». Effectivement, seules trois femmes acceptent sur les cent cinquante Parfaits, qui sont brûlés.

Après Arnaud Amaury outrepasse les instructions du pape et entreprend d'organiser l'invasion du comté de Toulouse. Au cours de plusieurs conciles régionaux, il impose à Raymond VI des conditions que ce dernier juge inacceptables. Raymond est de nouveau excommunié, et Montfort attaque Toulouse en 1211. Le 12 mars 1212, Béranger, archevêque de Narbonne, suspecté de complaisance avec les cathares, est déposé et remplacé par Arnaud Amaury. En tant que vassal du roi d'Aragon, le nouvel évêque conduit un détachement de soldats et rejoint la coalition des rois chrétiens espagnols, Alphonse VIII le Grand, roi de Castille, Pierre II, roi d'Aragon et Sanche VII le Fort, roi de Navarre contre les Almohades, qui sont écrasés à la bataille de Las Navas de Tolosa, le lundi 16 juillet 1212. Arnaud Amaury en écrit une relation qu'il envoie au pape.

Auréolé de sa nouvelle gloire, Pierre II d'Aragon prend sous sa protection les comtes de Toulouse, de Foix et de Comminges et franchit les Pyrénées. Arnaud Amaury rejoint Simon de Montfort, qui les attaque, et défait à la bataille de Muret le 12 septembre 1213. Il s’attache ensuite à restaurer le duché de Narbonne au profit de l’archevêché, et entre en conflit avec Simon de Montfort, qui revendique également le duché, possession théorique des comtes de Toulouse. Il lutte contre cette prétention de Simon au concile de Latran, mais n’obtient pas le duché, qui est attribué à Simon. Après la mort de Simon de Montfort à Toulouse, il tente d’aider son fils Amaury, mais ne peut que constater la perte de tous les acquis de la croisade au profit de Raymond VII

Il meurt à Fontfroide en 1225. Il est inhumé dans l'Abbaye de Cîteaux.

« Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens. »

Le seul auteur par lequel on connaisse ce mot (en latin : « Cædite eos. Novit enim Dominus qui sunt eius. ») est le moine cistercien allemand Césaire d'Heisterbach, qui le prête au légat dans son livre Dialogus miraculorum (Des miracles), écrit entre 1219 et 1223. Césaire reste assez proche de l'évènement dans le temps (une dizaine d'années), mais il est étrange qu'à propos d'un fait survenu à Béziers, un Allemand soit seul à savoir ce que les sources locales semblent toutes ignorer.

Ph. Tamizey de Larroque note que ce silence mérite particulièrement d'être pris en considération dans cinq ouvrages qui ont la croisade des Albigeois pour sujet principal : l’Histoire de la guerre des Albigeois, écrite par le moine Pierre de Vaulx-Cernay, qui enregistre scrupuleusement les actes et les paroles du légat et qui était près de lui le jour du sac de Béziers ; une autre Histoire de la guerre des Albigeois, anonyme celle-là ; l’Histoire de l'expédition des Français contre les Albigeois, de Guillaume de Puylaurens, la Chronique de Simon de Montfort et l’Histoire de la Croisade écrite en vers occitans.

Outre que les témoins les mieux placés ne mentionnent pas la phrase en question, leur récit semble la contredire. Césaire d'Heisterbach dit qu'après la prise de la ville, les soldats vainqueurs, comme pris d'un scrupule, auraient demandé comment reconnaître les catholiques des hérétiques. Or, d'après les sources locales contemporaines des évènements, il n'y eut pas une prise suivie d'une pause puis d'un massacre, les soldats d'ordre inférieur (les « ribauds », les « truands ») prirent à la fois l'initiative de l'assaut et de l'extermination, sans l'accord des chefs.

Enfin, de l'aveu même de savants ecclésiastiques du XVIIe siècle, bon nombre des miracles que Césaire d'Heisterbach raconte pour vrais indiquent chez lui une grande faiblesse du sens critique.

Avant le siège, Renaud de Montpeyroux, évêque de Béziers, a tenté une ultime médiation. Arnaud Amaury a exigé que tous les catholiques sortent de la ville pour ne pas partager le sort des cathares, ce qui rend douteux qu'Arnaud Amaury ait prononcé la phrase qui lui est attribuée.

mercredi 27 octobre 2010

Thibaut Ier de Navarre

Thibaut de Champagne, né le 30 mai 1201 à Troyes, mort le 14 juillet 1253 à Pampelune, fut comte de Champagne de 1201 à 1253 (sous le nom de Thibaut IV), et roi de Navarre de 1234 à 1253 (sous le nom de Thibaut Ier).

Il porta les surnoms de Thibaut le Posthume puis de Thibaut le Chansonnier


Le comte de Champagne

Il était fils de Thibaut III, comte de Champagne, et de Blanche de Navarre (1177-1229). Son parrain fut Philippe Auguste, roi de France qui l'éduqua à la cour. Il y fut confié aux bons soins de Blanche de Castille, épouse du prince héritier, le futur Louis VIII et cousine de sa mère.

Après que la succession lui eut été contestée par un cousin (Guerre de succession de Champagne, 1216-1221), Thibaut prit en main l'administration de ses États.

Vers 1220, il épousa Gertrude de Dagsbourg († v.1225), fille d'Albert, comte de Dagsbourg et de Metz, et veuve de Thiébaud Ier, duc de Lorraine, en espérant s'approprier du Comté de Metz. Après l'échec de cette tentative, il répudia Gertrude.

En 1223, il épousa en secondes noces Agnès de Beaujeu, cousine du futur Saint-Louis qui fut sa compagne de jeux à la cour de France et mourut en 1231. Elle était fille de Guichard IV, sire de Beaujeu et de Sibylle de Hainaut. Ils eurent :

Blanche (1226 † 1283), mariée en 1236 avec Jean Ier le Roux († 1286), duc de Bretagne
En 1224, il participa aux campagnes de Louis VIII contre les Anglais, et notamment au siège de La Rochelle, puis contre les Cathares, mais quitta la croisade une fois effectué les quarante jours de service requis, au grand mécontentement du roi.

En 1228, il servit de négociateur, avec l'accord du comte de Toulouse, dans l'élaboration du projet de traité de Paris, qui mettra fin à la croisade des Albigeois.

En 1232, il épousa en troisième noces Marguerite de Bourbon (1211-1256), fille d'Archambaud VIII, seigneur de Bourbon et d'Alix de Forez qui lui donnera :

  • Eléonore (1233 † jeune)
  • Thibaut II (1238 † 1270), comte de Champagne et roi de Navarre,
  • Béatrice (1242 † 1295), mariée en 1258 à Hugues IV (1212 † 1272), duc de Bourgogne
  • Pierre, mort en 1265
  • Marguerite († 1306), mariée en 1255 à Ferry III († 1302) duc de Lorraine
  • Henri Ier le Gros (1244 † 1274), comte de Champagne et roi de Navarre.
En 1234, Thibaut reçut la couronne de Navarre, après la mort de Sanche VII le Fort, son oncle, frère de sa mère Blanche de Navarre.

Pendant la minorité de Louis IX, Thibaut rassembla autour de lui quelques « Barons » formant une ligue des grands vassaux qui voulaient s'opposer au sacre du jeune roi, mais les trahissant, il se rendit rapidement auprès du roi et se soumit. Ses alliés, indignés de cette défection, se jetèrent aussitôt sur son comté qu'ils ravagèrent et ils en auraient pris la capitale, Troyes, si l'armée royale n'était venue la secourir. Les rebelles, poursuivis jusqu'à Langres, y furent dispersés[1].

En 1239, à la suite de l'appel du pape Grégoire IX, il conduisit une croisade en Terre Sainte.

En 1240, il rapporta de Damas "dans son heaume", le rosier dit de "Provins", de son nom latin rosa gallica 'officinalis', il rapporta également un morceau de la vraie croix & la tradition veut qu'il en ait rapporté le cépage Chardonnay qui entre dans la composition du champagne.

Sa passion amoureuse pour la reine de France, Blanche de Castille - qui en profita pour la manipuler en politique - lui inspira chansons et poésies qu'il faisait peindre sur les murs de ses palais de Troyes et de Provins. Ceci lui valut le qualificatif de "chansonnier". Il est l'auteur de 71 compositions lyriques variées (dont 37 chansons d'amour) dans lesquelles il fait montre d'une grande virtuosité technique et verbale (il apprécie jeux de mots, pointes, métaphores filées et allégories) ainsi que d'une certaine désinvolture ironique envers la matière courtoise. Thibaut de Champagne est le trouvère le plus célébré de son temps. Il sera au siècle suivant salué par Dante comme un précurseur (De Vulgari Eloquentia).

Il mourut en Navarre, à Pampelune, le 14 juillet 1253 à l'âge de 52 ans.

Le roi de Navarre

Comme il était le fils de Blanche de Navarre, sœur du roi Sanche VII le Fort, à la mort de ce dernier les Navarrais ne tinrent aucun compte de la volonté du roi, qui avait désigné Jacques Ier d'Aragon comme son successeur ; ils appelèrent Thibaut de Champagne qui, un mois après la mort de son oncle, se présenta à Pampelune, où il jura fidélité aux Fueros du Royaume, fournissant ainsi à la couronne de Navarre une dynastie bien installée de puissants vassaux dans le nord du royaume de France. C'est ainsi que fut établie la « Maison de Champagne. »

Des traités furent conclus avec la Castille, l'Aragon et l'Angleterre, permettant au nouveau souverain de consolider sa couronne. Il gouverna avec l'aide de nobles venus de Champagne qui reçurent des charges importantes. Il réduisit l'importance des fiefs non héréditaires, les tenencias, comme divisions territoriales et créa quatre grands districts confiés à des merinos, à qui il attribua des fonctions fiscales et relevant de l'ordre public. Il établit ses lois par écrit, élaborant un Cartulario Magno où elles figuraient toutes, et il commença la compilation des traditions juridiques de la monarchie navarraise connue sous le nom de « Fuero General ».

Pour obtenir l'appui de la Castille, il négocia le mariage de sa fille Blanche avec Alphonse, le futur Alphonse X le Sage. Par ce traité Ferdinand III le Saint offrait à Thibaut les terres de Guipuscoa à titre viager, mais pas celles d'Álava comme Thibaut l'aurait voulu. Ainsi le royaume de Navarre aurait eu un accès naturel à la mer Cantabrique. Ce traité, qui ne fut pas appliqué, aurait entraîné l'incorporation de la Navarre à la Castille. Il semble que l'année suivante Thibaut ait promis sa fille Blanche au comte de Bretagne.

En 1238 il dirigea une expédition de croisés en Terre sainte. Malgré sa défaite, les querelles entre les musulmans lui permirent de signer la paix et d'obtenir pour les chrétiens Jérusalem, Bethléem et Ashkelon. Il revint de la croisade à la fin de 1240 et passa une grande partie de son règne à des voyages continuels entre Navarre et Champagne.

Il eut d'important différends avec l'évêque de Pampelune, Pedro Jimenez de Gazólaz, et refusa de répondre devant les tribunaux pontificaux. Un concile provincial tenu en 1250 alla jusqu'à l'excommunier, mais le pape lui accorda un privilège spécial selon lequel, sans mandat du Saint-Siège, personne ne pouvait excommunier le roi.

Thibaut est connu par le surnom de « Troubadour » en raison de la réputation de poète que de son temps il possédait déjà et que l'histoire a confirmée.

Il mourut à Pampelune au retour d'un de ses voyages en Champagne, et fut enterré dans la cathédrale de Pampelune.

Thibaut est connu comme troubadour non seulement parce qu'il aimait écrire, mais parce que ses poèmes étaient d'un mérite exceptionnel, et avant même la fin de la croisade de 1238-1240 il écrivait encore. Il fut le premier à mettre par écrit les droits et les libertés du royaume dans ce qu'on a appelé le fuero antiguo, et au cours de son règne il les compila tous, les traditionnels comme les nouveaux.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Thibaut Ier de Navarre de Wikipédia en français (auteurs)


lundi 25 octobre 2010

Bataille de Muret

La bataille de Muret eut lieu le 12 septembre 1213 dans la plaine à 25 km au sud de Toulouse dans le cadre de la croisade des Albigeois.

Lassé de l'ingérence et des assauts du parti du pape et des croisés, renforcé par le prestige d'une victoire sur les Maures (1212), le roi d'Aragon ose finalement soutenir son allié toulousain. Aussi, Raymond VI, comte de Toulouse et ses alliés occitans comme Raymond-Roger, comte de Foix et Pierre II, roi d'Aragon lancent une contre-attaque. Ils s'attaquent à la ville de Muret tenue par les croisés sous les ordres de Simon IV de Montfort pour le compte du pape Innocent III. Mais la place tient, Pierre II d'Aragon est tué dans la bataille et son fils est fait prisonnier par les croisés tandis que les assaillants subissent de très lourdes pertes. Aussi, c'est une victoire franco-croisée qui réduit largement l'influence aragonaise sur la région toulousaine.

Contexte

Depuis quatre ans, une armée de croisés opère dans les possessions du sud de la France dans le but d'éradiquer l'hérésie cathare. Après les sièges de Béziers et de Carcassonne (1209), Simon IV de Montfort a accepté de poursuivre la lutte. Il avait d'abord fait la conquête des vicomtés de Raymond-Roger Trencavel, puis s'était attaqué au comte de Toulouse. La croisade tourne rapidement à la guerre de conquête. Le roi Pierre II d'Aragon, également comte de Barcelone et seigneur de Montpellier, était alors suzerain d'un certain nombre de seigneurs languedociens, dont le vicomte Trencavel. Inquiet de la venue de cette croisade qui nuisait à son influence et à ses ambitions, il se propose plusieurs fois en médiateur entre les belligérants, et ne reconnut Simon de Montfort comme vicomte de Carcassonne et de Béziers que du bout des lèvres. Ne voulant pas se brouiller avec l'Eglise, il ne pouvait pas soutenir militairement le comte de Toulouse.

D'autre part, il était également en lutte contre les Maures d'Espagne, qu'il battit à Las Navas de Tolosa le 17 juillet 1212. Auréolé de ce prestige, il plaide la cause du comte de Toulouse auprès du pape Innocent III, qui décida d'ouvrir le concile de Lavaur. Ce concile n'aboutit pas et, le 21 janvier 1213, le roi d'Aragon prend officiellement Raymond VI, comte de Toulouse, Raymond-Roger, comte de Foix, Bernard IV, comte de Comminges et Gaston VI, vicomte de Béarn sous sa protection et reçoit leur hommage.

Philippe II Auguste, roi de France, dont les droits sur le sud du royaume étaient lésés par cet hommage, voulut envoyer son fils Louis prêter main-forte, mais doit au dernier moment l'envoyer combattre le roi d'Angleterre, ce qui oblige Simon à attendre d'autres contingents de croisés, menés par les évêques d'Orléans et d'Auxerre. Pendant ce temps, le château de Pujols est assiégé puis pris par les Occitans et sa garnison massacrée.

A la fin du mois d'août 1213, Pierre II, qui a fini ses préparatifs, franchit les Pyrénées, rejoint ses nouveaux alliés et commence le 8 septembre le siège de Muret, défendu par une trentaine de chevaliers de Simon. La ville est rapidement prise, mais Pierre II doit modérer l'ardeur de ses soldats qui veulent prendre également le château. Il souhaite que Montfort puisse atteindre et entrer dans la château à la tête de ses troupes pour ensuite mieux le vaincre, et il craignait que si le château était pris avant l'arrivée de Simon de Montfort, ce dernier ne change ses plans.

Effectivement, Simon IV de Montfort qui se trouvait alors à Fanjeaux, lève une troupe de mille cavaliers, arrive à Muret le 11 septembre et entre dans le château.

La bataille

Les deux évêques, moins confiants que Simon de Montfort en la victoire, tentent d'entrer en pourparlers avec Pierre d'Aragon pour le convaincre de cesser de soutenir les barons occitans. Ce que voyant, le roi d'Aragon, croyant déceler dans cette démarche une faiblesse de Montfort, renonce à son premier plan consistant à attendre l'affaiblissement des assiégés dans Muret et décide de livrer bataille le lendemain, malgré la mollesse du comte de Toulouse, toujours prompt à temporiser. De son côté, Simon, voyant que les vivres ne lui permettent de tenir que quelques jours, décide également de livrer bataille le lendemain.

Au matin, il sort de la ville avec tous ses chevaliers qui se regroupent dans la plaine à proximité de la Porte de Salles. Il répartit ses troupes sur trois lignes, une commandée par Guillaume des Barres, la seconde par Bouchard de Marly et la troisième par Simon de Montfort. Les trois bataillons suivent la Louge vers le sud, évitant les milices toulousaines qui, à défaut de les intercepter, auraient pu sonner l'alarme. Cette manœuvre donne au contraire l'impression d'une fuite. Traversant la rivière plus loin, ils reviennent directement sur le camp des Occitans où la chevalerie adverse prend position, mais dans un grand désordre.

Le bataillon de Guillaume des Barres se rue sur celui du comte de Foix, qu'il enfonce sans peine et qui reflue sur la ligne de Pierre d'Aragon. C'est alors que la charge de Bouchard de Marly arrive sur le lieu et continue de désorganiser les deux bataillons adverses. La mêlée est indescriptible, et le vacarme assourdissant. Très rapidement deux chevaliers, Alain de Roucy et Florent de Ville, décident de viser la tête de la coalition et tuent d'abord un héraut d'arme, qu'ils ont pris pour le roi. Ce dernier se fait connaître pour démentir les cris annonçant sa mort, mais est tué peu de temps après. Pendant ce temps, Simon de Monfort et son bataillon effectuent un mouvement tournant pour attaquer l'ennemi sur son flanc droit.

Raimond VI, qui commande la troisième ligne occitane, prend alors la fuite vers Toulouse, sans combattre. Les survivants des deux premières lignes fuient alors en direction de la Garonne. Mais les milices toulousaines, qui ne participaient pas à la bataille, avaient commencé le bombardement de la ville et du château, et la défaite de la chevalerie arago-toulousaine ne les faisait pas renoncer. L'arrivée des chevaliers victorieux, poursuivant les survivants aragonais, sème alors la désorganisation dans leur camp et les fait fuir vers la Garonne. C'est alors une débandade, les fantassins périssant sous les coups des croisés ou noyés avec leur lourdes tuniques. Entre 15 et 20 000 hommes auraient laissé la vie lors de cette opération.

Conséquences

Le fils de Pierre II, Jacques, âgé de six ans, est fait prisonnier. Mais le pape demande à Simon de rendre Jacques d'Aragon à son royaume et impose une trêve, empêchant Simon d'exploiter immédiatement son avantage. Simon de Monfort met Jacques sous la garde de Pierre Nolasque puis les envoie tous deux en Catalogne.

Cette défaite et la mort de Pierre II met fin aux velléités d'intervention de la couronne catalano-aragonaise contre la croisade. Les comtes de Foix et de Comminges repartent sur leurs terres. Le comte de Toulouse part pour l'Angleterre rencontrer Jean Sans Terre et laisse aux consuls de Toulouse le soin de négocier avec les chefs de la croisade.

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mercredi 20 octobre 2010

Siège de Castelnaudary

Le siège de Castelnaudary est une opération militaire de Simon de Montfort au cours de ses campagnes visant à conquérir le comté de Toulouse.

Les raisons du siège

En juin 1211, Simon IV de Montfort a tenté en vain d’assiéger Toulouse et a été contraint de lever le siège. Puis, profitant de la venue d’un contingent de croisés conduits par Thiébaut Ier, comte de Bar et de Luxembourg, il effectue une chevauchée dans le comté de Foix, en représailles de la bataille de Montgey. Puis il part dans le Quercy recevoir l’hommage de Guillaume de Cardaillac, évêque de Cahors et comte de Quercy. Mais les occitans profitent de cet éloignement de leur seigneur pour s’agiter. Sicard de Puylarens a repris son château et Raymond VI de Toulouse mobilise de nouveau ses troupes.

Un certain nombre de barons de l’entourage de Simon sont découragés de devoir reconquérir sans arrêt le pays et parlent d’abandonner leurs nouveaux fiefs pour rentrer chez eux. D’autres proposent de se retrancher dans Carcassonne ou Fanjeaux, une des plus puissantes places fortes du pays. Seul Hugues de Lacy propose une place assez faible, afin d’attirer l’armée ennemie. Ce plan séduit Simon de Montfort qui choisit Castelnaudary.

Le siège

Avant de se rendre dans Castelnaudary, Simon de Montfort apprend avec espoir qu'il peut compter sur Guy de Lacy et sa troupe d'une cinquantaine de chevaliers. Simon de Montfort est à peine installé dans la ville que l’armée du comte de Toulouse survient et installe son camp. Les habitants des faubourgs de la ville vont immédiatement rendre hommage au comte de Toulouse, qui occupe les faubourgs. La nuit, Montfort effectue une sortie et déloge les partisans de Toulouse.

Bien que l’armée occitane manque d’homogénéité et est partagée entre Raymond VI de Toulouse, qui joue la prudence, et Raymond-Roger de Foix, toujours prêt à lancer l’assaut contre la ville, sa supériorité numérique met Montfort dans une position désespérée. Il envoie Guy Ier de Lévis à Carcassonne et à Béziers pour réquisitionner les milices des deux villes, mais elles refusent de venir, ainsi que le vicomte de Narbonne Aymeri III. En effet, la plupart des cités languedociennes jouent un attentisme prudent en attendant de connaître le vainqueur.

Ils réussissent cependant à préparer un convoi de vivres pour les assiégés, à trouver trois cents volontaires et font route vers Castelnaudary, rejoints par Bouchard de Marly qui a obtenu une armée de l’évêque de Cahors. Le convoi est attaqué par le comte de Foix à Saint-Martin-Lalande, à quelques kilomètres de Castelnaudary. Pour Simon de Montfort, c’est un dilemme : faut-il rester dans la ville et perdre ses alliés et le ravitaillement dont il a besoin, ou les secourir et risquer de perdre la ville. Il choisit alors d’attaquer le comte de Foix, ne laissant que cinq chevaliers et quelques sergents pour défendre Castelnaudary. Les routiers du comte de Foix avaient commencé le pillage du convoi et sont totalement pris au dépourvu par l’armée de Montfort. Après d’âpres combats, l’armée de Raymond-Roger de Foix doit s’enfuir et se réfugier dans le camp du comte de Toulouse, mais Simon de Montfort, dans l’euphorie de la victoire et des retrouvailles, perd du temps et une occasion d’investir le camp.

Ses effectifs restent insuffisants face à l’armée de Toulouse, et Simon repart à Carcassonne lever de nouvelles troupes. Il est en train d’accueillir un nouveau contingent de croisés, conduit par Alain de Roucy, quand il apprend que le comte de Toulouse a levé le siège et incendié son camp

Conséquence

Ce siège est une victoire pour Simon de Montfort, qui a déjoué l'offensive du comte de Toulouse, mais elle est principalement due à l'indécision de ce dernier. Mais la noblesse occitane, persuadée que Raymond VI va reprendre l'offensive, reprend ses châteaux. En quelques semaines, les croisés perdent une cinquantaine de places fortes. L'arrivée de nouveaux contingents de croisés va permettre à Montfort de reprendre l'initiative et de reconquérir le terrain perdu.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Siège de Castelnaudary de Wikipédia en français (auteurs)